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REPORTAGE-"Je n'ai pas confiance": ces Français qui ne se feront pas vacciner
information fournie par Reuters 11/12/2020 à 17:24

* Selon l'Ifop, 59% des Français sceptiques vis-à-vis du vaccin

* Les Français n'ont plus confiance dans les institutions

* Les dernières publications sur le vaccin Pfizer rassurantes

* Des voix discordantes chez les médecins

par Caroline Pailliez et et Yiming Woo

HERBLAY-SUR-SEINE, Val d'Oise, 11 décembre (Reuters) - Boris Czajka connaît les complications liées au COVID-19. Sa femme, Steffie, qui a contracté la maladie en mars-avril, peinait tellement à respirer qu'elle se couchait chaque soir en demandant si elle allait se réveiller le lendemain.

La maladie a duré trois mois et depuis sa santé est très fragile. Lui-même, qui est sujet à des crises de goutte depuis des années, est considéré comme une personne à risque.

Malgré tout, ni lui, ni sa femme, ne se feront vacciner contre le COVID-19. Ils estiment que les laboratoires pharmaceutiques comme Pfizer PFE.N ou Moderna MRNA.O se sont précipités pour mettre au point leur formule. Et s'interrogent.

"Je trouve ça prématuré. La maladie existe depuis peu de temps. Il faut des années pour faire un vaccin et là, comme par magie, il y a un vaccin pour le monde entier", dit ce chauffeur de VTC, décidé à vivre avec le risque d'attraper le virus.

Comme Boris Czajka, 59% des Français n'iront pas, ou probablement pas, se faire vacciner lorsqu'un vaccin sera mis sur le marché, selon un sondage Ifop publié fin novembre.

Il s'agit de l'un des taux de défiance les plus élevés au monde. En octobre, les deux tiers des Espagnols et des Italiens disaient vouloir se faire vacciner, selon un sondage Ipsos. Cette proportion montait à 79% pour le Royaume-Uni, à 87% pour la Chine.

Pour l'exécutif, il s'agit donc d'un véritable test. Derrière la vaccination se profile en effet la possibilité de pouvoir redémarrer l'économie sans se faire distancer par d'autres pays et, pour les Français, de retrouver une vie sociale un peu plus normale après des semaines d'isolement qui ont pesé sur leur santé mentale.

DES INSTITUTIONS REMISES EN QUESTION

Boris Czajka a perdu confiance dans les vaccins lorsque la soeur d'un de ses collègues est décédée après s'être fait vacciner contre l'hépatite B. Il admet ne pas avoir vu de document certifiant le lien, mais son collègue le lui a assuré.

Il n'a donc jamais fait son vaccin contre cette maladie, même si cette disposition était obligatoire dans la profession qu'il exerçait alors, dans le secteur des pompes funèbres. Lorsqu'il devait transporter ou manipuler un corps qui semblait être infecté par la maladie, il mettait deux paires de gants et respirait le moins possible.

"Plus on m’incitera à faire (le vaccin contre le COVID-19) moins je le ferai. Je n’ai vraiment pas confiance en eux, ni le gouvernement, ni le corps médical", explique-t-il.

Pour Antoine Bristielle, chercheur à la fondation Jean-Jaurès, cette défiance n'est pas surprenante.

"Il y a une très forte corrélation entre la confiance manifestée par les personnes dans les autorités politiques et scientifiques et l’acceptation de la vaccination. Or en France, on est sur des niveaux structurels de très forte défiance par rapport aux différentes institutions politiques", explique-t-il.

A cela s'est ajoutée une crise de confiance envers les scientifiques liée à la multiplication de leurs discours contradictoires sur les plateaux de télévision, poursuit Antoine Bristielle. L'indice de confiance à leur égard a chuté de vingt points en l'espace de six à huit mois.

DONNEES RASSURANTES

"Les questions sont tout à fait légitimes. On est face à un nouveau virus. Ces vaccins ont été développés dans un temps record (...) et puis on a fait appel à des technologies récentes", a dit vendredi sur France Inter Odile Launay, coordinatrice du centre de vaccinologie Cochin-Pasteur.

Emmanuel Macron s'était lui-même montré prudent sur le vaccin Pfizer-BioNTech lors de son interview avec le média en ligne Brut, admettant qu'on ne "savait pas tout".

Les données publiées jeudi dans la revue médicale New England Journal of Medecine - les premières à être analysées et critiquées par des scientifiques indépendants - ont néanmoins rassuré l'exécutif à son sujet.

"Sur les près de 40.000 personnes qui ont été testées dans le cadre de la campagne de vaccination de l’essai de phase 3, (...) il n’y aucun effet indésirable grave", a dit jeudi le ministre de la Santé, Olivier Véran.

Les scientifiques français ne sont toutefois pas unanimes. Le professeur Eric Caumes, chef du service infectiologie de la Pitié-Salpétrière à Paris, a mis en garde jeudi dans Le Parisien contre la fréquence élevée d'effets indésirables.

Sa consoeur Odile Launay estime qu'il ne faut pas y voir de signe alarmant. Les vaccins qui s'appuient sur la technologie de l'ARN messager, laquelle consiste à injecter des brins de code génétique, entraînent généralement davantage de réactions que les vaccins ordinaires, comme des rougeurs, de la fièvre ou de la fatigue, explique-t-elle.

"Mais ce n’est rien d’insurmontable, rien de très grave et tout cela est transitoire et rentre dans l’ordre rapidement", a-t-elle dit sur France Inter.

Aloïs Lokange, qui a perdu son meilleur ami de 27 ans et deux autres proches de la famille des suites de complications liées au COVID-19, reste prudent. "Je n’irai pas courir à la pharmacie pour chercher un vaccin", dit ce cadre supérieur de 33 ans.

(Édité par Henri-Pierre André)

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